Quand la Presse se met au numérique

Publié le par odile Biger

Comme tous les médias traditionnels, la Presse est touchée de plein fouet par la révolution numérique et le développement de tous les nouveaux supports de communication. 

 

Comme la Télévision, la Radio, le Cinéma , la Musique ... elle doit  faire face à une nouvelle concurrence et de nouveaux comportements qui entraînent une baisse de son audience et de ses ressources publicitaires et la conduisent à remettre en question ses offres, son organisation , son modèle économique.

 

Pour ce secteur structurellement sensible, il devient urgent de changer pour ne pas disparaître.

 

Dans ce contexte, pourquoi ne pas considérer  le "numérique" plutôt comme une chance de renouveau que comme un mal inéluctable ? C'est en tout cas la démarche que propose Marc Tessier dans le rapport "la Presse au défi du numérique" qu'il  vient de remettre au Gouvernement.

 

Pour lui, la Presse française qui  souffre, depuis de nombreuses années déjà , de difficultés  liées à ses conditions de fabrication et de distribution, doit profiter de toutes les nouvelles opportunités offertes par le numérique pour retrouver une "nouvelle jeunesse" et se renforcer sur le plan économique et stratégique.

 

Je ne reviendrai pas ici sur toutes les pistes d'évolution qu'il propose, d'autres l'ont déjà fait avant moi . Je vous renvoie à leurs blogs bien documentés et argumentés sur la question. l'Observatoire des médias , Net politique, Emmanuel Parody; Net eco actualité.

 

En m'appuyant sur des cas concrets, je préfère, pour ma part, essayer de mettre en évidence  la façon dont certains titres de Presse ont d'ores et déjà abordé le virage du numérique et ont réussi à "tirer leur épingle du jeu".

 

Parmi eux, je distinguerai 3 cas de figures :

 

 - Ceux qui ont développé leur offre numérique en capitalisant sur leur savoir faire dans la rédaction et le traitement de l'information (essentiellement les grands journaux et magazines d'information).

- Ceux qui se sont servis de la notoriété et de la force de leur Marque pour se développer sur de nouveaux médias. 

- Ceux qui ont cherché à exploiter au maximum leur thématique pour proposer, sur le web et les autres médias numériques,  une offre de contenus et services en affinité avec leur cible   .

 

 

 L'offre numérique, déclinaison de la puissance rédactionnelle et du savoir faire dans le traitement de l' Information

 

C'est l'option choisie par la quasi totalité des Magazines et Journaux d'Informations qui, après avoir commencé par la retranscription pure et simple du journal papier en version électronique, ont peu à peu étoffé leur offre sur Internet en proposant des enquêtes , des reportages en images ou des dossiers dans le prolongement de l'offre papier.

Pour faciliter la consommation de cette offre rédactionnelle riche et variée, de nombreux services sont venus progressivement compléter le dispositif : fils d'infos, alertes, podcasts, contenus multimédia... 

La nouvelle étape consiste aujourd'hui à intégrer au site des contenus émis par les internautes eux mêmes (commentaires, forums, blogs).

Grâce à cette diversification intelligente, quelques grands titres figurent aujourd'hui parmi les sites d'information les plus visités sur le web ( le Monde, Le Figaro, Libération, L'Express, Ouest France...) ou ils concurrencent de "pure playeurs" comme Google ou Yahoo actualités.

 

La puissance de la Marque au centre d'un dispositif multimédia

 

Certains titres de Presse ont choisi de capitaliser essentiellement sur leur marque pour la décliner sur tous les médias. le meilleur exemple de cette stratégie est sans doute celui du quotidien sportif l'Equipe dont on retrouve aujourd'hui la signature sur une chaîne de Télévision, un site Internet , des services mobiles.

Dans ce cas, la Marque, son identité visuelle et sa caution de "spécialiste de l'Information Sportive"  sont pratiquement les seuls éléments fédérateurs entre les différents supports. En dehors de cela, les organisations restent assez cloisonnées, les synergies sont pratiquement inexistantes (ou en tout cas peu visibles), le traitement de l'information, les signatures, les choix éditoriaux paraissent différents d'un média à l'autre.

 

Le numérique pour décliner une thématique sous toutes ses formes

 

 Cette stratégie est celle qu'ont choisi d'adopter bon nombre de magazines centrés sur un thème ou une cible spécifiques. Pour prendre position sur les nouveaux supports numériques, ils ont voulu capitaliser en priorité sur les centres d'intérêt de leur cible. Partant de là,  ils ont développé, sur le web ou le mobile, de nouveaux contenus, de nouveaux services, et parfois même de nouvelles activités (le e.commerce par exemple).

Les mensuels Psychologies et Géo offrent, chacun dans leur spécialité de bons exemples de cette démarche.

Le site Psychologies.com accorde ainsi une place prioritaire aux tests , aux quizz, aux petites annonces et carnet d'adresses en tout genre, laissant au Magazine papier l'exclusivité des articles de fonds sur le thème de la psychologie.

La stratégie est assez similaire pour Géo magazine.fr . Alors que le  Magazine est plutôt axé sur le reportage et  la découverte, le site traite du voyage au sens large avec des bons plans, des adresses, des informations pratiques, des témoignages.

Magazine papier et site web parviennent ainsi à se compléter sans se cannibaliser et agissent en  synergie pour se générer mutuellement du trafic et fidéliser leur cible.

 

En conclusion

 

Soyons réalistes et positifs: les exemples de titres de presse trouvant une nouvelle jeunesse sur Internet, même s'ils sont encore limités, existent (alors que, à priori,à ce jour, aucun pur playeur Internet n'a encore fait de percée significative dans le monde de l'édition!).

 

Mais, si le numérique est une chance et non une menace, il reste à la presse dans son ensemble à choisir la bonne stratégie pour en titrer le meilleur parti.

 

 A chaque titre de définir en fonction de ses objectifs, de ses spécificités, de son positionnement et de ses moyens la meilleure stratégie possible et Gutenberg pourra continuer à reposer en paix.

 

 

 

 

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